Paralysie : faire bouger l’impossible grâce à la recherche

Wednesday 07 May 2025 |

C’est le défi que se donne l’équipe du chercheur Christian Iorio-Morin.


Le gant intelligent RE-MOVE porté par le neurochirurgien Christian Iorio-Morin. Crédit photo : Mathieu Lanthier, Université de Sherbrooke

Une femme plie doucement l’index de sa main droite. Ce geste, anodin pour la plupart d’entre nous, déclenche chez elle un miracle : sa jambe, paralysée depuis un AVC, se met à bouger. Ce n’est pas de la science-fiction. C’est un projet bien réel, en développement ici, à Sherbrooke. Ce miracle porte un nom : RE-MOVE. Derrière cette recherche, il y a une idée forte : redonner du mouvement et de l’autonomie aux personnes paralysées.

RE-MOVE : un gant intelligent porteur d’espoir

Chez une personne paralysée, les messages entre le cerveau et les muscles ne passent plus. Comme si les fils étaient coupés. Résultat : le cerveau commande, mais le corps ne suit pas.

Le neurochirurgien Christian Iorio-Morin et son équipe ont décidé de changer ça. Leur solution : utiliser un gant intelligent porté sur la main qui fonctionne encore d’une personne paralysée. Quand la personne plie un doigt, le gant envoie un signal à une électrode placée près de la moelle épinière… et la jambe bouge! Ce gant est aussi capable de vibrer pour guider la personne, comme s’il lui redonnait des sensations perdues.

RE-MOVE débutera avec des usagers ayant perdu l’usage d’une jambe après un AVC. Ensuite, le projet s’élargira à des situations plus complexes : deux jambes paralysées, puis un bras et une jambe, voire une paralysie complète. L’objectif ultime : connecter directement les signaux du cerveau à ces technologies, pour permettre aux usagers de bouger simplement par la pensée.

« À ce jour, on sait que le mouvement du doigt peut être détecté par le gant et que le gant peut contrôler le stimulateur en temps réel. On sait aussi qu’un stimulateur peut générer les mouvements d’une jambe. La séquence des trois réalités ensemble, elle, n’a pas encore été mise à l’étude. C’est ce qu’on souhaite réaliser d’ici la prochaine année auprès des premiers participants du projet de recherche, ici même au CHUS », nous explique le professeur-chercheur.

Une plateforme universelle, pour le monde entier

Les pièces requises pour monter ce système existent déjà : des stimulateurs, des électrodes, des capteurs, des gants… mais rien ne les relie efficacement. Le défi? Créer un logiciel qui rassemble toutes ces technologies, pour qu’elles fonctionnent ensemble, facilement et de façon personnalisée. C’est l’exploit que souhaite réaliser l’équipe de recherche, afin d’en faire bénéficier des usagers à travers le monde.

« Ce projet, c’est pour toutes celles et ceux qui rêvent de se lever, de marcher jusqu’à la fenêtre, d’enfiler un pantalon seuls ou de serrer un proche dans leurs bras. Ce qu’on veut redonner, c’est un peu de liberté, un peu de fierté, et surtout beaucoup d’espoir. Et si tout ça est imaginable, c’est grâce au côté avant-gardiste du Centre de recherche du CHUS et du CIUSSS de l’Estrie – CHUS, un véritable levier pour ce genre de recherche », nous confie Christian Iorio-Morin, aussi professeur à l’Université de Sherbrooke.

La mission universitaire : une force unique

Ce projet, c’est bien plus que de la recherche! C’est une grande équipe unie par un même espoir, celui d’innover pour changer des vies. 

« RE-MOVE est à l’image de la mission universitaire de notre milieu et de son impact. On y retrouve des personnes de différents domaines qui unissent leurs forces, dans un esprit d’innovation, de collaboration et d’espoir. On y croise les savoirs, l’humain et l’action avec un but commun : veiller au mieux-être des usagers », nous partage le directeur scientifique du Centre de recherche du CHUS, le Dr André Carpentier.

L’équipe de RE-MOVE est composée de plus de dix-huit experts en neurochirurgie, en physiologie du mouvement, en ingénierie, en droit et en éthique. Parmi ceux-ci, on compte treize co-chercheurs qui proviennent de l’Université de Sherbrooke, de l’Université de Montréal, de l’Université de Melbourne, de l’Université d’Alberta et de Polytechnique Montréal. Ensemble, ils inventent des solutions qui n’existent pas encore. Et ils ne sont pas seuls! Le projet avance aussi grâce à des partenaires qui croient en leur expertise, comme Moelle épinière et motricité Québec, la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC et Praxis Spinal Cord Institute.

RE-MOVE a reçu un financement majeur de 24 millions de dollars du fonds Nouvelles frontières en recherche, preuve de son potentiel transformateur! 


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