Vers un traitement personnalisé de l’arthrite

Au Canada, près d’une personne sur cinq sera affectée par une forme d’arthrite. Au CIUSSS de l’Estrie - CHUS, plusieurs chercheuses et chercheurs se penchent sur divers aspects de cette maladie inflammatoire afin de proposer un traitement adapté à chaque personne qui en souffre. 

Découvrez comment les équipes de recherche en rhumatologie du Centre de recherche du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CRCHUS) et du Centre de recherche sur le vieillissement (CdRV) travaillent à l’atteinte de cet objectif.  

Arthrite ou arthrose?  

Il est parfois difficile de les distinguer! Les deux maladies entraînent une dégénération des articulations. 

L'arthrite est caractérisée par : 

  • Une inflammation de la membrane qui nourrit, protège et recouvre les cartilages; 
  • Une douleur inflammatoire qui survient surtout la nuit; 
  • Rougeur, raideur et œdème sur l’articulation; 
  • Une diminution de la douleur lorsque la personne bouge, mais elle ne s’améliore pas avec le repos. 

De plus, l'arthrite peut apparaître à tout âge. 

Quant à l'arthrose : 

  • L'usure progressive de l’os des articulations touchées et du cartilage, le tissu qui recouvre les extrémités des os; 
  • Les personnes aînées souffrent plus souvent d'arthrose en raison de l'usure des articulations causée par le vieillissement.   
  • Certains facteurs peuvent favoriser son apparition chez les personnes plus jeunes, comme l’obésité ou une pratique sportive intense.  
  • La douleur causée par l'arthrose est une douleur mécanique et elle survient lorsque la personne bouge. Elle s’améliore avec du repos. 

Une biobanque : des échantillons pour permettre l'avancée des connaissances

Le CRCHUS héberge une biobanque, la plus grande au Canada, dans le domaine de la rhumatologie. Cette biobanque est composée d’échantillons biologiques (ex. : échantillons de sang) et de données cliniques collectés auprès de plus de 1 500 patients atteints de maladies rhumatismales, en particulier l'arthrite inflammatoire.  

La disponibilité de grands nombres d’échantillons biologiques mis en banque permet de les étudier en utilisant les technologies les plus récentes et les connaissances les plus à jour. On accélère ainsi l’acquisition de nouvelles connaissances. Cette banque grandit de jour en jour grâce aux patientes et aux patients participant à des projets de recherche.  

La biobanque permet aux équipes de recherche de Sherbrooke et de plusieurs autres centres de recherche au Canada d'améliorer notre compréhension des causes et des conséquences des maladies rhumatismales. Elle permet aussi de mieux prédire la réponse aux traitements afin de se rapprocher d’une médecine véritablement personnalisée. 

Le maintien de la biobanque à long terme repose en partie sur des fonds provenant de dons spécifiques faits à la Fondation du CHUS
 

L’arthrite juvénile : à la recherche de traitements spécialisés

Il existe une forme d'arthrite à composante génétique et qui se déclenche durant l’enfance Longtemps méconnue, cette forme d’arthrite a été traitée comme une forme d'arthrite classique. Par conséquent, des personnes diagnostiquées ont reçu des traitements mal adaptés et leur condition s'est aggravée.  

Depuis peu, on connaît cette maladie et une prise en charge de meilleure qualité est maintenant possible chez les enfants. Cependant, il reste encore de nombreux éléments inconnus et l'efficacité des traitements varie d'un jeune patient à un autre.  

La recherche estrienne au cœur de la précision des traitements 

Dr Hugues Allard-Chamard, rhumatologue et chercheur au CRCHUS, reçoit de nombreux adultes qui ont développé la maladie lors de leur jeunesse, à une époque où les connaissances ne permettaient pas de l'identifier correctement. 

Dr Allard-Chamard et son équipe réalisent des prises de sang auprès de ces patients et ils étudient les cellules immunitaires qui s’y retrouvent. Dr Allard-Chamard cherche à établir le profil moléculaire de ces personnes selon leur réponse aux différents traitements disponibles. 

Comment cette étude pourra améliorer les soins 

À l'issue de cette étude, il serait possible, à partir d’une simple analyse de sang chez un jeune souffrant d’arthrite, de déterminer quel sera le traitement qui a le plus de chances de fonctionner. On évitera ainsi de longs mois d'essais-erreurs, ainsi que l'aggravation de la maladie. 

Prédire l’agressivité de l’érosion osseuse pour mieux la traiter

Les os ne sont pas durables, ils doivent se renouveler pour rester de bonne qualité.  

Dans ce processus, deux types de cellules spécialisées existent : 

  • Cellules de production de nouveau tissu osseux, nommés ostéoblastes; 
  • Cellules d’élimination et de remplacement des parties de l’os trop vieilles, elles sont appelées les ostéoclastes.  

Ce mécanisme de régénération est normal et présent tout au long de la vie.  

Par contre, chez certaines personnes atteintes d'arthrite, leur santé osseuse se dégrade rapidement en raison d'une plus grande érosion de leurs articulations. Les équipes de recherche souhaitent pouvoir prévoir et expliquer ce phénomène. 

Le lien entre l’érosion osseuse et les problèmes articulaires 

Dre Sophie Roux, professeure-chercheuse du CRCHUS et de l’Université de Sherbrooke (UdeS), pense qu'il existe chez certaines personnes atteintes d’arthrite, un type d’ostéoclastes particulièrement agressif qui apparaît au bout d’un certain temps chez certaines personnes.  

Ces cellules « déréglées » attaqueraient alors des parties de l’os au hasard et détruiraient les articulations. Selon elle, ces cellules ne se développent pas correctement à une certaine étape de leur cycle. Avant de s’activer au niveau des os, les ostéoclastes connaissent une période de maturation dans le sang. En observant ces jeunes cellules à partir d’échantillon de sang, Dre Roux et son équipe espèrent prédire leur agressivité future.  

Elle recherche les points communs entre les patients qui présentent le même niveau d’érosion osseuse, au niveau moléculaire.  

Des connaissances qui amélioreront les traitements des personnes atteintes 

Le projet de Dre Roux pourrait permettre de proposer à certains patients des traitements particuliers pour éviter que leur maladie ne s'aggrave, avant que les dommages aux articulations ne surviennent. Il pourrait aussi contribuer à l'amélioration des traitements qui existent déjà, en identifiant des mécanismes encore inconnus chez les cellules précurseurs. 

Chirurgie de la hanche : faire de la réadaptation avant l’opération

Avec le vieillissement de la population, le nombre de personnes nécessitant une chirurgie de remplacement de la hanche a augmenté. Cette articulation est essentielle pour supporter le poids du corps.  L'arthrose de la hanche se caractérise par une dégradation du cartilage de la hanche. Cette forme d'arthrose est particulièrement invalidante, car elle touche une articulation essentielle pour nous permettre de nous asseoir et de marcher. 

On traite l'arthrose de la hanche à l’aide de mesures non pharmacologiques (application de chaleur et de froid, des massages, des exercices d’aérobie et de renforcement musculaire, etc.) des traitements pharmacologiques de la douleur (acetaminophène, anti-inflammatoires, infiltrations de cortisone). Si le traitement ne fonctionne pas, une chirurgie doit être pratiquée pour remplacer la hanche par une prothèse.   

Les délais de chirurgie sont parfois longs et pendant qu’elles attendent, les personnes atteintes développent d’autres problèmes de santé qui nuisent à leur qualité de vie : anxiété, dépression, troubles du sommeil...  

La solution? La chercheuse Hassiba Chebbihi pense l’avoir trouvée ! Celle qui est professeure-chercheuse au Centre de recherche sur le vieillissement (CdRV) et à l’Université de Sherbrooke souhaite mettre sur pied un programme de recherche qui propose aux patients de faire de la réadaptation avant leur chirurgie. Appelé préadaptation, ce programme pourrait améliorer la qualité de vie des personnes et diminuer les complications post-opératoires. 

Comment ça fonctionne? 

Dans le cadre du projet de recherche, les personnes qui doivent subir une chirurgie de la hanche sont orientées vers une clinique médicale où elles sont évaluées par un physiothérapeute et une infirmière. L’infirmière suivra les patients jusqu’à la chirurgie.  

Les patients ont l’opportunité de suivre un programme de préadaptation adapté à leurs besoins et selon leurs préférences. Il inclut notamment de l’exercice physique, des stratégies pour gérer l’anxiété et des trucs pour favoriser une alimentation plus saine.  

Certains organismes communautaires (Sercovie, Centre communautaire de Lennoxville) participent aussi à ce projet de recherche pour offrir du soutien complémentaire.  

Des effets positifs 

Bien que le projet en soit encore au stade de recherche, ce nouveau programme est très prometteur et laisse présager de nombreux bénéfices : 

  • Améliorer l’accessibilité aux programmes de réadaptation même pour les personnes aînées vivant loin des centres de réadaptation (possibilité de suivre le programme en ligne) 
  • Diminuer les complications post-opératoires liées à la chirurgie de la hanche   
  • Permettre une récupération plus rapide après la chirurgie  
  • Désengorger les programmes de réadaptation offerts à l’hôpital 
  • Augmenter le sentiment d'appartenance des citoyens à leur communauté 

Voilà une excellente façon de favoriser un vieillissement en santé! 

Soutenir la recherche sur l’arthrite  
Si vous souhaitez participer à l’avancée des connaissances à votre façon, la Fondation du CHUS a mis sur pied un fonds dédié à la recherche en rhumatologie : le Fonds Huguette et Paul Boire. Il vise à développer des ressources de qualité mondiale, ici à Sherbrooke, permettant de faire progresser la recherche et ultimement d'améliorer les soins aux patients grâce à une meilleure compréhension des causes et mécanismes

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