Rapport annuel

Rapport annuel 2024-2025
Les chercheuses et chercheurs, la communauté étudiante et le personnel professionnel qui composent nos équipes de recherche du Centre de recherche du CHUS du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CRCHUS) nous offrent encore cette année des découvertes et des avancements porteurs d’espoir.
Découvertes de l'année
Créer des virus qui combattent le cancer
Et si on utilisait des virus… pour traiter le cancer? C’est le pari audacieux de la virothérapie, une approche qui transforme certains virus pour qu’ils s’attaquent uniquement aux cellules cancéreuses, sans toucher aux cellules saines.
Jusqu’à maintenant, créer ces virus sur mesure était très complexe, mais Taha Azad et son équipe ont trouvé une façon rapide et efficace d’y arriver. Leur méthode permet de concevoir une grande variété de virus « armés », capables de stimuler le système immunitaire pour qu’il reconnaisse et élimine plus efficacement les cellules cancéreuses.
Les résultats sont spectaculaires : dans des tests réalisés sur un modèle préclinique de cancer de la peau, les tumeurs ont complètement disparu. Une avancée majeure qui pourrait ouvrir la voie à de nouveaux traitements « anticancer », plus puissants et ciblés!
Mieux prédire le diabète de grossesse
Le diabète de grossesse touche environ une personne enceinte sur sept dans le monde. Il peut compliquer la grossesse et l’accouchement, et entraîner des risques pour la santé de l’enfant (poids élevé à la naissance, risque d’obésité et de diabète plus tard).
La Dre Marie-France Hivert, en collaboration avec Luigi Bouchard et leurs collègues ont découvert qu’une protéine produite par le placenta, appelée IGFBP1, pourrait jouer un rôle clé dans le développement du diabète de grossesse. Cette protéine pourrait donc aider à réguler le taux de sucre dans le sang pendant la grossesse.
En analysant le sang et le placenta de 1 200 femmes, les chercheurs ont observé que les niveaux d’IGFBP1 pourraient servir de signe précoce pour identifier les personnes enceintes à risque plus élevé avant même l’apparition de la maladie.
Cette découverte pourrait mener à la création d’un simple test sanguin qui permettrait de dépister plus tôt le diabète de grossesse et de mieux prévenir les complications. Une avancée prometteuse pour la santé des personnes enceintes et de leur enfant!
De l’espoir pour détecter la SLA plus tôt
La sclérose latérale amyotrophique (SLA) est une maladie qui détruit les cellules nerveuses, entraînant une perte de force musculaire et, avec le temps, la paralysie. Comme il n’existe pas de test précis pour la détecter, la SLA est souvent diagnostiquée trop tard, quand la maladie est bien avancée.
Pour répondre à ce défi, Brigitte Guérin et son équipe ont développé un nouvel outil d’imagerie médicale capable de repérer une protéine anormale liée à la SLA. Testée sur des souris atteintes d’une forme génétique de la maladie, cette approche a donné des résultats prometteurs. On pourrait donc imaginer, dans un futur rapproché, la possibilité d’un dépistage plus précoce et d’un suivi plus précis de l’évolution de la maladie.
Réalisée en collaboration avec la société pharmaceutique AL-S Pharma AG, cette recherche a également conduit au dépôt d’un brevet international, ouvrant la voie à un futur outil clinique pour les personnes atteintes de la SLA. Une avancée majeure qui donne de l’espoir!
Des capteurs plus précis pour surveiller le corps en temps réel
Et si on pouvait suivre ce qui se passe dans notre corps en temps réel? C’est ce que permettent les biocapteurs, de petits dispositifs capables de détecter des molécules spécifiques, un peu comme des détecteurs ultra ciblés.
Certains de ces capteurs, appelés E-AB, utilisent des aptamètres : de minuscules morceaux d’ADN ou d’ARN conçus pour se fixer à une molécule précise, mais toutes les parties de ces chaînes ne servent pas à la détection. En raccourcissant ces aptamètres, les chercheurs pensent pouvoir rendre les capteurs plus sensibles et plus précis, car la détection se ferait plus près de l’électrode.
Philippe Dauphin-Ducharme et son équipe ont étudié comment ces aptamètres interagissent avec leurs cibles grâce à la résonance magnétique nucléaire, une technique qui permet de voir le comportement des molécules. En combinant ces observations avec des modèles informatiques, ils ont identifié les parties les plus importantes pour la détection.
Résultat? Une meilleure compréhension du fonctionnement de ces capteurs et la possibilité de créer des dispositifs plus efficaces, plus rapide à concevoir et moins coûteux, ouvrant la voie à une surveillance en temps réel plus fiable dans le corps humain.
Impact précoce des écrans : qu’en est-il vraiment?
On le sait, les tout-petits adorent les tablettes! Mais quel est l’impact réel de ces écrans sur leur développement?
Caroline Fitzpatrick et Gabrielle Garon-Carrier se sont penchées sur la question.
Les chercheuses ont observé que les enfants qui utilisent souvent une tablette, vers l’âge de 3 ans et demi, ont tendance à montrer plus de colère et de frustration un an plus tard, à l’âge de 4 ans et demi. Ce n’est pas tout : les enfants plus colériques à 4 ans et demi sont aussi ceux qui utilisent encore davantage la tablette à 5 ans et demi. Les écrans pourraient créer un cercle vicieux : plus l’enfant s’y expose tôt, plus il devient difficile pour lui de gérer ses émotions, ce qui peut ensuite mener à une utilisation encore plus grande des écrans.
Ces résultats rappellent l’importance d’un encadrement bienveillant et équilibré de l’usage des écrans dès le plus jeune âge.
Repenser l’accès à l’alcool
Le binge drinking, cette consommation rapide d’une grande quantité d’alcool, touche surtout les jeunes adultes et peut avoir des conséquences importantes sur la santé. Au Canada, chaque province contrôle la vente d’alcool à sa façon.
Martine Shareck et Stephanie Sersli ont examiné comment la densité et l’accessibilité des points de vente influencent les habitudes de consommation d’alcool des jeunes adultes au Québec et en Colombie-Britannique. Les résultats montrent un fait inattendu : une plus grande accessibilité à l’alcool est associée à moins de binge drinking en Colombie-Britannique, mais à un risque légèrement plus élevé de s’adonner à la pratique au Québec. L’effet de l’accès à l’alcool n’est donc pas le même partout : il dépend du contexte local et de la manière dont les jeunes consomment.
Ces observations offrent des pistes concrètes pour réfléchir à des politiques publiques plus adaptées, qui tiennent compte des réalités propres à chaque province.
